Les clubs tunisiens et les sanctions couperet de la FIFA : Le feu est au rouge

Les efforts et la montée au créneau du président de la FTF pour sauver certains clubs à la dérive et au bord du naufrage suite à leurs nombreux litiges soumis à la Fifa suffiront-ils pour éviter d’autres énormes dégâts ?

Les détracteurs de Wadi El Jary, même minoritaires dans le paysage sportif, qui n’ont pas enterré la hache de guerre avec lui et qui ne l’enterreront visiblement jamais dans l’espoir de finir un jour par obtenir gain de cause et le destituer de son trône en mars 2020 (date de la fin du mandat de l’actuel bureau fédéral), ont refait surface ces jours-ci et sont revenus sur scène pour l’attaquer sur plusieurs fronts et l’accuser principalement d’être «en partie responsable des déboires actuels de pas mal de clubs professionnels tunisiens avec la Fifa et des sanctions financières en cascade qui frappent ces clubs allant jusqu’à leur retirer de nombreux points du classement pour non-paiement avant les dates butoirs fixées par la plus haute instance sportive dans le monde». Mais la réalité est tout autre et pour de nombreux clubs, aujourd’hui dans la difficulté et la tourmente, on peut dire heureusement que Wadi El Jary est là, à leurs côtés, pour les soutenir et leur prêter main-forte et tenter de les sortir de ce gouffre sans fond. L’état des lieux et les chiffres sont effarants. Le Club Africain est en tête de la liste noire des clubs tunisiens devenus la «cible favorite» de la commission de discipline de la Fifa et des articles 90 et 92 qui ne badinent pas avec le non-respect des délais de paiement des montants ordonnés dans des décisions de dernier recours, définitives et sans appel. En dépit du virement de plus de 10 milliards, le comité directeur du CA et son infortuné président Abdesslem Younsi n’ont pas mis fin à l’hémorragie des sanctions couperets et il leur faut débloquer prochainement plus de 16 milliards (16 milliards 486 mille, selon les derniers chiffres officiels jusqu’à ce jour) s’ils veulent éviter le risque énorme et sans doute impardonnable de se voir retirer 24 points, de descendre plus qu’à l’étage inférieur mais aux enfers pour un club aussi prestigieux que le CA fondé depuis 1920.

L’Etoile, qu’on croyait à l’abri d’une telle grosse mésaventure, figure en deuxième position de cette liste noire avec la menace de se voir retirer 16 points du classement bien qu’elle ait épongé plus de 8 milliards de dettes dues à des joueurs de nationalité étrangère qui ont réussi à obtenir des jugements en leur faveur bien qu’ils n’aient vraiment rien donné à l’Etoile et même pas foulé ou si peu la pelouse du stade de Sousse tels que Bilel Mohsni (2 milliards 300 millions). Les ex-clubs formateurs du joueur camerounais Franck Kom et de l’Algérien Baghdad Bounedjah sont entrés eux aussi en ligne pour réclamer leur part du gâteau si l’on peut dire de l’indemnité de transfert de ces deux joueurs de l’ESS vers d’autres clubs. Le CAB et son énigmatique et bouillonnant président Abdesslem Saïdani occupent la troisième place dans cette liste maudite avec la possibilité de perdre 12 points en cas de non-redressement de sa situation à temps et de non-règlement des litiges en attente.

Même s’il n’est pas parvenu auparavant à voler au secours de l’OB et du SG lors de la saison écoulée, par la faute de ces deux clubs, personne ne peut nier l’évidence que des clubs comme le CSHL, le CSS, l’ASG et le CAB auraient pu connaître le même triste sort et sombrer carrément sans l’intervention et le coup de main et coup de maître apporté par le président de la FTF. Sa récente réunion avec quelques anciens présidents et l’actuel  du Club Africain et la création d’un comité de «sauvetage» (qu’il préside) du club de Bab Jédid témoigne de son inébranlable volonté et de ses efforts interminables de crever cet abcès qui envenime la santé financière de nos clubs et d’assainir une fois pour toutes une situation devenue intenable et même dangereuse pour notre football. On ne peut pas lui dénier ce grand mérite de chercher des solutions de financement, quitte à entrer par exemple de nouveau en conflit avec la direction de la Télévision tunisienne pour améliorer les droits d’acquisition et de transmission des matches et les recettes destinées aux clubs professionnels comme à la promotion du football amateur.  «Certes, ce n’est pas à moi de payer les pots cassés et les erreurs lamentables de certains clubs dans la rédaction, la conclusion et l’exécution de contrats, manipulés qu’ils sont par certains mauvais intervenants, (agents, avocats, etc.) mais il est de mon devoir de les défendre, quitte à ce que je sois l’avocat du diable».

Hédi JENNY

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